Billets qui ont 'Barthes, Roland' comme nom propre.

Quotidien

Toujours pas grand chose. La Seine à 7h46, vers l'amont, une heure plus tard qu'hier car j'ai pris le temps de vingt minutes de Tabata ce matin. L'amont est moins beau car la voie est plus éloignée de la Seine.
Je pense à Barthes regrettant que l'édition d'Amiel en français expurgeât les mentions de la météo au dessus de la Genève.


Seine au dessus du pont SNCF de Melun à 7h46 le 26 juillet 2022


Nouvelle organisation: je viens de comprendre qu'en achetant cinq jours de déjeuners à Prêt à manger, je gagnerai de précieuses minutes tous les matins, surtout les jours où je fais de l'ergo (ergonomètre: rameur).

Le soir je reprise mon pantalon noir sur la terrasse en continuant ma série. Bizarrerie des Boys : on peut montrer une partouze de superhéros (avec des bites télescopiques, des volumes monstrueux de sperme, etc), mais pas la paire de seins de l'héroïne. Cet épisode (S3:6) a une dimension grotesque dans son exagération.

Le jardin est un réconfort. Les fleurs de bougainvillier sont d'abord minuscules, puis grandissent (je veux dire que ce ne sont pas des fleurs en boutons qui éclosent). Nous sommes vieux: dans le jardin à regarder l'herbe pousser. Ce n'est pas désagréable. Les martinets ont laissé la place aux hirondelles.

Parce qu'il devait neiger

Parce qu'il devait neiger, j'ai abandonné l'idée d'aller ramer.

Je n'ai pas été difficile à convaince car j'avais une montagne de linge à repasser (rien repassé depuis le déménagement) et que l'objectif du week-end serait de terminer de déballer les cartons.
Combien en reste-t-il? Une trentaine sans doute. Ils me font peur. J'ai peur de ne pas avoir de place, je sais intimement que beaucoup de bricoles, en toute objectivité et en toute logique, devraient être jetées. Qu'est-ce que c'est que l'affectif, lié à la mémoire, quand chaque objet a une histoire qu'on est seul à connaître — objet donc condamné à ma disparition, lorsqu'il n'y aura plus personne qui connaîtra cette histoire.

Repassé en regardant Vivement dimanche. Je fais partie des admirateurs de Fanny Ardant, j'aime beaucoup sa voix. Influence d'Hitchcock, histoire à la Léo Malet, film un peu lent (est-ce le fait de ne pas être concentrée puisque je repasse, ou que soixante ans plus tard j'ai pris l'habitude de rythme beaucoup plus enlevé?) Quelques secondes amusantes sur les blondes: démarquage d'Hitchcock, justement?

Vidé les cartons de livres de théologie. Je suis soulagée, tout tient dans une seule étagère (les étagères en pin qui nous suivent depuis Talence, il y a trente ans. Il nous en reste deux, les autres sont réparties entre les enfants). Ce n'était pas évident, ce n'est pas le même meuble qui les contenait à Yerres (celui-ci est près d'H., rempli de policiers et de SF) et je disposais en plus d'une petite étagère, peu large (maintenant remplie de pâtes et de miel dans l'arrière-cuisine), qui contenait les poches et la Bible de Jérusalem en fascicule — et toutes mes versions de la Bible, écrits apocryphes de la Pléiade, traduction liturgique, volume en hébreu donné par Jean (apprendrai-je des rudiments d'hébreu un jour? C'est désormais très peu probable).
J'ai trié et donné l'équivalent d'une étagère (une planche d'étagère), j'ai déporté dans la table de nuit qui vient de ma grand-mère les livres sur la prière (il n'y en a pas beaucoup, mais vingt centmètres de rayonnage gagnés sont précieux) et ça tient.
Je suis très contente et soulagée.

J'ai retrouvé le livre dédicacé par Barthes et donné par Bladsurb. Je comprends mieux pourquoi je passe mon temps à en oublier le titre, c'est tellement inattendu: il s'agit de Prières de Charles Péguy.
Etait-ce ce qu'il convenait d'offrir à une jeune fille?

Et donc il a neigé.
Ça m'agace, cette façon de signaler très gravement qu'il va neiger ou qu'il fait moins treize à Metz: mais réjouissez-vous, nom d'un p'tit bonhomme, que croyez-vous qu'entraîne le réchauffement climatique? Si vous ne voulez pas 14°C de moyenne sur l'année, il faut qu'il fasse froid.
Et c'est indispensable dans la lutte des plantes contre les parasites.

Les gens qu’on aime : #15 quelqu’un qui nous a donné quelque chose de précieux

Puisque je lis Matoo, j'ai découvert le défi du Dr CaSo: «quelqu'un qui…» (voir les commentaires du blog de CaSo : ses lecteurs y racontent directement leurs souvenirs sur le thème du jour).

Aujourd'hui, quelqu'un qui nous a donné quelque chose de précieux: Bladsurb.

Bladsurb m'a donné un livre de Péguy dédicacé par Barthes à sa grand-mère.

livre Prières de Charles Péguy, collection catholique de Gallimard collection catholique de Gallimard


Voilà comment Laurent m'a présenté ce précieux cadeau en DM sur Twitter:
"Chez moi, il prend la poussière, et il n'intéresse personne dans la famille. C'est chez vous que j'ai vu le nom de Lacape, qui est le nom de jeune fille de ma grand-mère (et de sa soeur Andrée, chez qui Barthes jouait au piano dans les années 40) et je pense du coup que vous êtes plus à même que n'importe qui dans la famille de profiter des significations multiples de cette dédicace."

Ma grand-tante Andrée Lacape était professeur de piano à Bayonne. Je ne sais plus (mais l'ai-je su ?) comment Barthes et elle ont fait connaissance, mais pendant une époque (quand il travaillait à Biarritz, ville voisine ...), il venait régulièrement chez elle jouer du piano et discuter. Alors même que Andrée était bossue et n'avait pas un physique facile, sa "liaison" avec un jeune professeur sans le sou ni avenir (et maladif qui plus est !) n'était pas vraiment bien vue par le reste de la famille. On ne sait pas quel était le deuxième livre (s'il était dans le même état et sans dédicace, il n'a sans doute pas survécu au passage des années et aux filtres multiples des déménagements et vidages de maison).


Bonus: les suggestions musicales de Bladsurb pour Inkoktober.

Vendredi

Chez le coiffeur. Remboursez ! : on me donne Art & Décoration — et mes potins, alors? Rien que quelques photos, très bleues, dans VSD, d'Obama en vacances près des îles Moustiques chez un ami milliardaire. Il est remarquablement musclé, il faut croire qu'il y a une salle de sport dans les sous-sols de la Maison blanche.

Plus de billet pour Chtchoukine, même de sept à neuf. Il faudra donc aller à St Pétersbourg et Moscou.

Je lis Paul Beauchamp et j'ai l'impression de lire Roland Barthes: la même façon de donner l'impression d'avoir fumé la moquette (de la bonne), la même capacité à poétiser en utilisant des mots techniques, à transformer la technique (théologique dans un cas, linguistique dans l'autre) en poésie.

Mercredi morne

Travail sur des séries longues à des fins d'analyse. Fastidieux et intéressant (si, cela peut être les deux à la fois).
La Seine a bien monté, beaucoup de courant. En yolette pour la première fois depuis longtemps (Marc, Jean-Baptiste, Laurence, Yann). Je ne rame plus assez, cela me fatigue. Je me rends compte que je ne connais pas les rameurs "de deux ans", nous formons spontanément des "promotions".
Préparation de l'oral sur St Jean, encore et toujours. Le témoignage comme lieu de la présence.

A 17h45, il fait encore un peu jour. Rien d'exceptionnel, tous les ans à la même date c'est le cas. Je note que je l'ai remarqué. (Et chaque fois je pense à Amiel et à Barthes pestant qu'on ait coupé dans l'édition de son journal les notations météorologiques au-dessus de Genève).

Rien de drôle. Ah si, le dernier acronyme de la sécurité sociale: PUMA, Protection Universelle Maladie (qui surgit de façon intempestive au beaux milieux de la réécriture de nos statuts: comment faire sans la notion d'ayants droits? casse-tête juridique imprévu). Est-ce que cela signifie que le RSI ou la sécurité sociale étudiante, par exemple, vont disparaître (car pourquoi choisir ces régimes qui fonctionnent mal si on peut bénéficier d'un régime qui fonctionne bien?)?

Nuit studieuse, encore.

Le degré zéro de l'écriture

Je me réveille et je découvre ce lecteur.
Ligne 1 vers 17 heures direction Vincennes.





Pas de cours ce soir : le professeur vient de Nice et est bloqué par les dégâts des inondations.

Hier

Rien à écrire, rien de rien. Journée heureuse, appris que RC était invité au Collège de France, commandé un livre de Mauriès. Mauriès, Sollers, Compagnon, Camus, les disciples de Barthes qui n'en finissent pas de se souvenir (et de se jalouser, plus ou moins, en mineur). Qui était Barthes, la question grandit en moi au fil des mois. (Vu passer sur Fabula appel à contribution sur les relations de Barthes et du Maroc).

Fin de journée éprouvante, colère, emportement (Entre autres, répondu vertement à un employé de la RATP qui s'avisait de vouloir m'empêcher de marcher le long du quai qu'il était bien temps de s'en préoccuper, alors que nous pouvions bien périr étouffés pendant les grèves, tout le monde s'en fichait. Parfois je rêve de scandale et d'esclandre, de provocation, de tribunal, que je puisse enfin gueuler à la face du monde ce que je pense d'eux. Et dire que je suis plus calme qu'il y a dix ans… (A l'époque, j'avais prévenu H. qu'un jour pas comme un autre il aurait peut-être à venir me chercher dans un commissariat, ou à téléphoner à un avocat…))

Matin (ce matin) froid. RER non chauffé, comme le train le 24 décembre. Ce n'est pas comme ça que vous allez réussir le réchauffement climatique, Monsieur Guy Degrenne.

Sanglier décousu

Rêvé d'une façon extraordinairement précise de Barthes, d'une œuvre de Barthes. Jean-Yves et Pascal étaient là.

Tenu dans mes mains le commentaire de Barthes, dans un livre partant en lambeaux, à la couverture jaune à la façon des anciens Grasset. Livre de bibliothèque, bibliothèque lumineuse et interdite, sans doute dans la coupole du Panthéon (je savais que j'étais dans un lieu correspondant à peu près à la coupole du Panthéon). Histoire de chasse et de vengeance, de sanglier décousu. Lu la dernière phrase, dans le style désuet et si légèrement ironique de Barthes. Une sœur ayant vengé invisiblement son frère. Impossible de me souvenir de cette phrase pourtant si nette, si musicale.
Puis second livre, tout petit, cinq centimètre sur cinq, couverture vive, jaune et rose, contenant le conte commenté par Barthes. Conte écrit par Barthes?

Mais qu'ai-je donc amalgamé, la tapisserie du musée Goya, les chasses de Monsieur de Lautrec et Le bruissement de la langue? Quelle frustration de ne pas se souvenir des deux phrases si nettement lues. Il aurait fallu les noter au réveil (mais aurait-ce été possible?)

Fini Arjouni [1]. Camomille et miel.

Notes

[1] en allemand, sans dictionnaire: compris l'esprit ;-).

Les billets et commentaires du blog Alice du fromage sont utilisables sous licence Creatives Commons : citation de la source, pas d'utilisation commerciale ni de modification.